Plasticienne et poétesse, Miss.Tic, de son vrai nom Radhia Novat, est née à Paris en 1956. Elle est l’une des pionnières du Street Art en France, et une des premières femmes à s’imposer dans cet univers alors dominé par les hommes. Dès 1985, elle choisit le pochoir comme technique principale et les murs de Paris comme terrain d’expression directe, inventant un langage visuel et littéraire qui mêle aphorismes percutants et silhouettes de femmes libres, impertinentes et intelligentes.
Fille d’un ouvrier tunisien et d’une mère normande, Miss.Tic grandit à Montmartre puis à Orly. Enfance marquée par un drame : à dix ans, elle perd sa mère, son frère et sa grand-mère dans un accident de voiture. Ce choc la laisse handicapée de la main droite, et profondément marquée. Elle n’a que 16 ans à la mort de son père. Elle rejoint des troupes de théâtre de rue et voyage longuement, notamment en Californie. Elle à 29 ans quand elle revient à Paris, où elle commence à peindre sur les murs de la ville.
Son pseudonyme, vient du personnage de Disney Miss Tick : une sorcière rusée mais toujours perdante face à Picsou. Ce nom, à la fois féminin, ironique et légèrement désenchanté, annonce le ton de toute son œuvre.
Au début, Miss.Tic ne peignait que du texte, faisant de la poésie une présence forte et visible dans la rue. Rapidement, pour donner plus d’impact et de force à ses messages, elle ajoute des portraits féminins. D’abord ses autoportraits dans des poses simples, puis des figures féminines issues des magazines de mode, qu’elle détourne avec ironie pour leur donner des mots et une pensée. Elle comprend rapidement que la brièveté est essentielle, et ses textes se font plus courts et plus denses. Son travail, profondément singulier, marque une rupture dans l’art urbain : Miss.Tic est la première à inscrire la poésie dans la rue, faisant du texte un élément aussi essentiel que l’image.
Son travail novateur est immédiatement remarqué. Première exposition collective et première exposition personnelle en 1986. Deux ans plus tard, le Fonds municipal d’art contemporain de la ville de Paris fait l’acquisition de 6 œuvres sur papier, confirmant son importance dans le paysage artistique.
Miss.Tic mène de front son travail de rue et d’atelier. Elle mêle interventions éphémères et œuvres pérennes, développant un art accessible, poétique et critique. Au fil des années, elle collabore avec des marques, crée des timbres-poste, conçoit des affiches pour le cinéma et réalise des commandes publiques.
En 1997, elle est arrêtée en flagrant délit par la police à Paris et condamnée à une amende de 20.000 francs pour peinture sans autorisation. Elle ne comptait plus les innombrables gardes à vue qu’elle avait déjà vécues avec son acolyte nocturne, Mr. Lolo. Mais cette fois, on passait à un autre niveau : une condamnation officielle. Très marquée, elle décide alors de ne plus peindre illégalement et demande systématiquement l’autorisation préalable pour ses interventions dans l’espace public.
Reconnue très tôt par les galeries et les institutions, elle est régulièrement exposée en France comme à l’étranger. Certaines de ses œuvres ont intégré d’importantes collections publiques, dont le Victoria and Albert Museum de Londres, le Mucem à Marseille, le musée Ingres de Montauban, ainsi que, depuis février 2025, le Centre Pompidou, qui a fait l’acquisition de dix-sept de ses œuvres. Elle figure également dans la collection permanente de la Cité internationale de la langue française, à Villers-Cotterêts.
Miss.Tic est décédée à Paris en mai 2022 laissant derrière elle une œuvre à la fois populaire et profondément littéraire, une œuvre née dans la rue, traversée par la vie, et qui continue d’interpeller.